En amont de son concert en ouverture du Printemps de Bourges 2025, le 15 avril, nous avons eu l’opportunité d’échanger quelques mots avec la chanteuse Emma Peters. Voici la retranscription de cet échange.
Ce n’est pas la première fois que vous vous produisez à Bourges. Comment vivez-vous ce retour ?
Je suis hyper contente ! C’est un festival qui compte énormément pour moi. J’ai effectivement eu la chance (et l’honneur) d’y revenir cette année. La dernière fois, c’était il y a trois ans, dans le cadre de mon premier album. Cette fois, je suis ici pour présenter le second. Jamais deux sans trois ! Inch’Allah, dès que mon troisième disque sort, je reviens !
On vous le souhaite ! Vous avez remporté deux disques d’or avec vos derniers singles. Que ressentez-vous ?
C’était un rêve absolu pour moi. C’est très gratifiant. Je les ai offerts à mes parents.
Ce concert du 15 avril 2025 est particulier à bien des titres : vous serez la première artiste à vous produire cette année, aux côtés de grandes têtes d’affiche comme Barbara Pravi et… Michel Polnareff ! Comment vous sentez-vous ?
Pour l’instant, très bien. Peut-être qu’à la fin de cette interview, quand je commencerai à me préparer, la pression montera. En tout cas, comptez sur moi pour tout donner sur la scène du W !
Sinon, j’adore Barbara. On s’entend super bien. C’est une artiste formidable et une très belle personne. Je suis vraiment très heureuse d’être programmée avec elle et, bien sûr, aussi très contente de partager l’affiche avec Michel Polnareff, que j’écoutais beaucoup quand j’étais petite. C’est un plateau magnifique ce soir, tout comme la dernière fois d’ailleurs, où j’avais partagé la scène avec Juliette Armanet et Vianney. C’est assez ouf de vivre des moments comme ça en tant qu’artiste.
Comment prépare-t-on un set relativement court en festival ?
Je ne vous cache pas que ce n’est pas un exercice facile. À Bourges, par exemple, il y aura forcément beaucoup de chansons du nouvel album, quelques titres du premier, avec une ambiance et une énergie spécialement pensées pour les festivals. On va intégrer le tout nouveau single Déjà vu ce soir.
Parlons plus en détail de votre second album Tout de suite. C’est un titre fort. Qu’évoque-t-il pour vous ?
C’est un titre que j’ai eu du mal à trouver. Pour le premier album, c’était assez évident, mais pour celui-ci, j’ai plus galéré. Finalement, une nuit, ça m’est apparu naturellement. Je suis quelqu’un d’assez impatiente (dans le bon sens du terme), et inconsciemment, ce thème traverse plusieurs titres de l’album. Je trouvais que ça représentait bien mon urgence de partager, de vivre et de raconter.
On ressent dans votre musique un univers contrasté : vous citez Berger, Sanson, mais aussi des artistes de la scène rap française. Comment naviguez-vous entre tous ces univers ?
Mes parents m’ont élevée à la variété française, mais je suis aussi très fan de rap français. J’ai fait dix ans de guitare classique, donc tout ce qui est bossa nova, je connais bien. Mon franc-parler naturel fait aussi que mes chansons ont quelque chose d’assez direct. Je n’ai pas voulu me fermer à un style particulier. C’est pour ça que j’ai travaillé avec plein de gens différents. Il y a un peu de tout dans mes chansons. Finalement, ça me ressemble : c’est assez bordélique !
Dans votre chanson Juliette, vous évoquez la santé mentale. Pouvez-vous nous en dire plus sur la genèse de ce titre ?
Juliette, c’est quelqu’un de très proche que j’aime énormément. Elle est schizophrène paranoïaque, et j’avais très envie de parler de santé mentale, car c’est un sujet qui me touche beaucoup. Moi aussi, j’essaie de prendre soin de la mienne. Je ne savais pas trop comment aborder ce thème, alors j’ai pensé à elle. J’y raconte son quotidien. Ce titre semble parler à beaucoup de monde, il est d’ailleurs très demandé en concert.
Puisqu’on parle des causes qui vous tiennent à cœur, vous avez fait un duo avec Amel Bent pour le Sidaction. Quel souvenir en gardez-vous ?
C’était un super souvenir ! D’autant plus que j’adore Amel Bent et Ma Philosophie, une chanson que j’écoutais en boucle à sa sortie. En plus, c’est elle qui m’a appelée et qui voulait absolument chanter avec moi pour le Sidaction. C’était un chouette moment. On a bien rigolé.
Depuis vos débuts, vous êtes habituée aux reprises et aux duos, ce qui vous a fait connaître du grand public. Comment choisissez-vous les morceaux à reprendre ?
C’est assez simple : je choisis toujours une chanson qui me plaît, qui me parle, et pour laquelle je sens rapidement si je peux apporter quelque chose de différent. Ce qui compte dans une reprise, c’est de proposer une autre approche du texte ou de la mélodie. C’est ce que je fais avec ma guitare.
Quand je reprenais du rap, par exemple, j’adorais les commentaires des petites dames qui me disaient : « Je n’aime pas le rap, mais quand c’est vous qui le chantez, j’aime bien. » Je me disais intérieurement : en fait, vous aimez le rap, vous n’aimez juste pas ceux qui le font… Mais c’est un autre débat !
Continuerez-vous à faire des reprises ?
J’adore ça. Je n’arrêterai jamais, je pense.
Et ce troisième album que vous évoquiez tout à l’heure, c’est pour quand ?
Eh bien… en 2026 ? (rires) Non, je plaisante. Mais je travaille effectivement dessus en ce moment. J’écris aussi pas mal pour d’autres artistes. Par exemple, je participe actuellement au prochain album de Kendji Girac.
Avec qui aimeriez-vous collaborer ?
J’ai envoyé un message sur Insta à Damso, mais bon… pas de réponse pour l’instant. En tout cas, j’adorerais faire un duo avec un rappeur un jour.
C’est prévu pour le troisième album ?
Pourquoi pas ! J’aimerais bien, mais je n’ai pas encore trouvé.
Et si tout était possible, avec qui rêveriez-vous de collaborer immédiatement ?
Sans hésiter : Billie Eilish.
Vous immortalisez beaucoup votre quotidien d’artiste sur les réseaux sociaux. Pourquoi ?
Après mon premier album, j’étais frustrée de n’avoir gardé aucune trace de cette aventure, tout simplement parce que je n’avais pas pensé à tout documenter. Pour le deuxième, j’ai eu la chance d’avoir un membre de mon équipe H24 avec une caméra. On a donc tout filmé cette fois : la création des chansons, les sessions studio, la préparation des concerts, la vie en tournée… Et puis j’ai envie d’être proche de mon public, de lui montrer l’envers du décor.
Y a-t-il une forme d’addiction à l’image, du coup ?
C’est vrai que ça donne envie de tout filmer, même si ça prend énormément de temps. En tout cas, on essaie d’immortaliser le maximum de choses.