Quelques minutes avant son concert inédit (et totalement improvisé dans le contenu) au festival Piano à la Verrerie, le 29 mai 2025, CurioCity a échangé avec le très sympathique pianiste de jazz Yaron Herman.

Première question : y a-t-il un artiste (toute discipline confondue) qui nourrit votre imaginaire ou vos compositions ?

Alors, ce n’est pas vraiment un artiste en particulier, c’est plutôt un état d’esprit, je dirais. Je suis toujours à l’affût, curieux de manière générale. J’ai besoin de me nourrir de plein de choses pour créer : que ce soient des films, des livres ou des musiques diverses et variées. C’est donc un ensemble d’influences qui irrigue mon imaginaire.

Aujourd’hui, vous êtes au Creusot en solo, mais pour votre dernier album Radio Paradise, vous étiez accompagné de plusieurs musiciens. Comment choisissez-vous vos partenaires de jeu ?

Je prends les moins chers (rires) ! Plus sérieusement, je travaille avec des personnes avec qui j’ai des affinités musicales, qui comprennent mes idées et la direction que je veux prendre. Et puis c’est important aussi que ce soient des gens cools, avec qui on s’entend bien. Quand on travaille longtemps sur un projet, il faut que tout soit fluide, humainement et musicalement.

Pour revenir à votre concert en solo ce soir au Creusot, on imagine que l’improvisation y tiendra une place importante ?

Oui, tout à fait. Mes concerts en solo sont très largement improvisés. Je ne prépare jamais vraiment ce que je vais jouer dans ce format. Je laisse l’inspiration venir en fonction du public, de l’ambiance, ou même de l’amplitude du silence… et de ce qu’il contient.

Au-delà de la musique, vous donnez aussi des masterclass. La transmission est-elle importante pour vous ?

Absolument. C’est vrai que j’enseigne de plus en plus, et cela va sans doute prendre encore plus d’ampleur à l’avenir. Quelque chose d’assez « officiel » à ce sujet devrait d’ailleurs être annoncé très prochainement.

Puisqu’on parlait d’affinités musicales, est-ce que quelqu’un, dans la scène actuelle (jazz ou autre), vous marque particulièrement ? Si on reste dans le jazz, on pense forcément à quelqu’un comme Émile Parisien.

C’est marrant que vous mentionniez Émile ! On se connaît depuis vingt ans. On a beaucoup travaillé ensemble sur différents projets et on est de bons potes. En 2026, on sera en studio pour enregistrer un projet commun assez différent de ce que l’on fait habituellement chacun de notre côté. J’ai hâte !

On a bien fait de parler de lui, alors.

Effectivement ! Bonne intuition.

Avant notre échange, dans les jardins du Château de la Verrerie, vous évoquiez les réseaux sociaux. Quels sont vos usages ? Quelle importance leur accordez-vous, à l’heure où ils sont devenus incontournables pour les artistes ?

Vous avez assez bien résumé. Je les utilise essentiellement pour annoncer mes dates de concerts, promouvoir ma musique… Je ne suis pas du genre à partager des choses tout le temps, je ne suis pas un influenceur. Mais je m’efforce de toujours transmettre de bonnes ondes, de proposer des contenus qui rassemblent… autour de la beauté.

Des recommandations culturelles ? (livres, films, séries…)

J’apprécie beaucoup le travail du psychologue James Hillman en général. En ce moment, je lis plus précisément Myths of the Family. Je ne suis pas sûr qu’il soit disponible en France, cela dit.

Dans Radio Paradise, il y a un morceau intitulé « Hymn (For a Good Day) ». C’est quoi pour vous, une journée idéale ?

Une journée où j’ai bien dormi, pris mes deux expressos, et où j’ai le temps de me mettre au piano pour explorer mes idées tranquillement, sans être interrompu par quoi que ce soit — circulation parisienne ou autres tracas du quotidien.

Si vous n’étiez pas musicien, que feriez-vous ?

J’aurais adoré être basketteur professionnel, mais ma croissance s’est brutalement arrêtée à 16 ans… Donc je n’aurais sans doute pas été un très grand basketteur — littéralement ! Cela dit, il y a une raison particulière pour laquelle je me suis tourné vers la musique, et je pense sincèrement que j’aurais eu du mal à faire autre chose.

On parle beaucoup de Radio Paradise depuis tout à l’heure, et on s’interrogeait sur sa pochette. Elle évoque un peu Guernica, non ? Est-ce une référence ? Pourquoi ce choix ?

(Rires) Ce n’était pas forcément une référence directe, mais c’est vrai que le côté déconstruit m’a beaucoup plu. Pour la petite histoire, c’est une illustration préexistante d’une artiste londonienne que j’aime beaucoup. Il y a de l’ordre dans le chaos. C’est à la fois déconstruit et structuré, vif et méditatif. Et ça correspondait exactement à l’esprit que je voulais donner à cet album.

Intéressant. Merci pour cet entretien.

Merci à vous surtout.

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