À quelques jours de son concert du 6 novembre 2025 à La Vapeur (Dijon) et de son tout premier Olympia, nous avons eu la chance de discuter quelques minutes avec le chanteur Aime Simone. Voici la retranscription de cet entretien.
Tout d’abord, j’aimerais qu’on parle de ton tout nouvel album REV, sorti en avril 2025. Je crois que son nom renvoie à plusieurs choses, c’est bien ça ? Peux-tu nous expliquer exactement d’où cela vient ?
Effectivement, il y a plusieurs significations. Déjà, to rev en anglais peut se traduire par « faire vrombir son moteur ». Voilà pour le premier sens. Et ensuite, c’est aussi la première syllabe de plusieurs mots (en français), notamment révolution, revanche, révélation, et quelques autres qui sont tous des thèmes que j’aborde dans l’album à travers l’histoire d’un personnage qui évolue dans un monde fictif, une sorte de dimension parallèle. C’est un album très conceptuel, plus expérimental que les précédents, avec une fusion de genres divers comme la pop, l’indie, la techno, le rap et plus encore.
Et comment est-il né ?
En fait, il faut savoir qu’avec ma compagne Sonja Fix, une artiste américaine, on fait tout ensemble — production, composition, mastering… — et donc on fait de la musique un peu tout le temps.
Pour répondre plus précisément, REV est arrivé fin 2023, à la fin du cycle du précédent album (Oh Glory). C’est à ce moment-là qu’ont surgi toutes les questions habituelles pour un artiste : comment se renouveler sans pour autant perdre son ADN ? Et puis, il y avait toujours cette envie de faire quelque chose de très conceptuel, de très cohérent comme album : avoir un projet, une sonorité, une histoire… Ce qu’on n’avait jamais vraiment fait avant.
Il faut qu’on parle également d’un single qui va sortir sous peu, en duo avec Pete Doherty. Quelle est l’histoire de ce titre ? Comment avez-vous fait connaissance ?
Je l’ai rencontré il y a pas mal de temps, maintenant. J’avais 18 ans. Si vous voulez, j’ai eu une adolescence très compliquée. J’étais soigné en clinique pour un problème de santé et j’avais demandé à l’époque une permission de sortie pour assister à son concert au Bus Palladium. C’est vraiment pendant cette période que j’ai commencé à écrire des poèmes et des chansons, en découvrant son œuvre. J’avais commencé la guitare bien avant (vers 14-15 ans), mais c’est vraiment en le découvrant que je me suis mis à créer.
Je me rends donc au concert avec mon carnet de poèmes, et je lui ai jeté sur scène pendant le show. Il l’a ramassé et l’a lu devant tout le monde. C’était assez inconfortable, d’ailleurs.
On imagine…
À la fin du concert, j’ai crié : « Give me your guitar ! », car je voulais récupérer sa Gibson. Mais on s’est mal compris, et il m’a invité à jouer sur scène. On m’a mis sa guitare autour du cou et, par réflexe, j’ai joué ma toute première composition, porté par le public et sous les yeux de Pete Doherty, qui observait sur le côté de la scène.
Incroyable !
Quand j’ai terminé, il m’a dit de l’attendre pour aller discuter en loge. Il m’a demandé plus d’informations sur cette chanson, mais je devais rentrer à la clinique… J’ai donc dû lui expliquer ma situation. Ça l’a touché, et il m’a donné son numéro. On s’est rappelés, revus à Paris, et c’est là qu’est née notre amitié.
C’est la première personne qui a cru en moi. Il m’a introduit dans le monde de la musique, m’a pris sous son aile. J’ai fait ses premières parties. Ça a été comme un mentor pour moi.
Quelle belle histoire ! Et pour revenir à ce duo qui va sortir ?
C’est vraiment comme si la boucle était bouclée. C’est une chanson qui est plutôt dans mon univers — très électro. Il introduit le morceau comme un narrateur, puis il me rejoint au chant avant le dernier refrain. Elle a une atmosphère à la fois sombre et en même temps joueuse, lumineuse. Je suis content de voir Peter entrer dans mon univers.
Elle sortira le 31 octobre, jour d’Halloween, car elle est un peu sur ce thème.
Parlons maintenant de la scène, et plus particulièrement d’un concert majeur qui arrive : l’Olympia ! C’est votre tout premier, c’est ça ?
Exactement. Ça signifie beaucoup pour moi.
Voir les lettres rouges avec votre nom, ça marque forcément.
Absolument, c’est une vraie étape. Une salle mythique.
Restons sur scène. Vous aimez visiblement mettre beaucoup d’énergie en concert, à en voir les vidéos.
On travaille beaucoup le live, oui. J’aime énormément la scène. Pour cette tournée, on est très haut en énergie. On a des gens qui chantent, qui sautent, qui font des pogos, qui se lâchent complètement. Et puis, il y a aussi des moments plus émotionnels, guitare-voix. J’oscille entre ces deux choses.
L’idée, c’est que les gens vivent une expérience unique, qu’ils se sentent bien, tout simplement. J’aime beaucoup ce qu’on a réussi à créer sur cette tournée déjà bien amorcée.
Une question que l’on pose à chaque artiste qu’on rencontre : qu’auriez-vous fait si vous n’étiez pas artiste ?
Moi, je n’aurais rien fait d’autre. Pour moi, la musique relève de la survie. C’est une nécessité.
On parlait de Pete Doherty, dont l’œuvre vous a beaucoup marqué, mais est-ce que vous vous rappelez du premier disque que vous avez écouté ou acheté ?
Je vais vous parler d’abord de quelque chose qui a vraiment façonné mon éducation musicale quand j’étais petit. Mes parents avaient ces gros iPod 32 Go et une sacrée collection de disques qu’ils avaient réussi à y mettre. Comme j’étais l’aîné de la fratrie, j’ai pu profiter des quelques 5 000 titres présents à l’intérieur, en écoute profonde. J’ai fait mon éducation musicale grâce à ça.
Le premier album que j’ai vraiment acheté pour moi, ça devait être Get Rich or Die Tryin’ de 50 Cent.
Et en ce moment, vous écoutez quoi ?
Ce que j’écoute beaucoup en ce moment, c’est un artiste suédois qui s’appelle Bladee. C’est une musique avant-gardiste, expérimentale, underground. J’écoute aussi pas mal Ken Carson, et Hallelujah, une chanson qui m’a beaucoup marqué et influencé, notamment lorsque j’ai commencé la guitare.
Dernière question. À part les concerts à venir dont nous avons parlé et le single avec Pete Doherty, quelle est la suite ? Déjà un nouvel album, peut-être ?
Pour l’instant, rien n’est gravé dans le marbre. L’idée, c’est de ressentir les choses, d’y aller au feeling, et puis on verra bien. Il y aura peut-être des dates dans des festivals en 2026. Je réfléchis évidemment à un prochain album, mais j’attends d’avoir le bon concept avant de me lancer dans l’enregistrement.
